Le moulin d’Auberoque est situé sur la rive droite du ruisseau Langayroux, commune de Ladinhac à proximité de la route reliant Leucamp à Trémouille. Le meunier qui vivait là possédait quelques prés ce qui lui permettait d’avoir deux vaches avec lesquelles il tirait une charrette. Il allait de ferme en ferme récupérer les sacs de grain, seigle ou froment et ramener la farine. Ses principaux clients étaient sur la commune de Leucamp, au Peyrou, au Puech,à Laveissières, à Lacomparnie, à Bénassac et parfois chez d’autres fermiers qui préféraient le moulin d’Auberoque aux moulins d’Andrieu ou de Paylhol, car le meunier était un brave homme.
Nous sommes en plein Moyen-âge et cet été là a été particulièrement orageux. Ce jour-là, fin août, le meunier visitait les fermes, la récolte avait été bonne. Il était à Lacomparnie lorsqu’un orage d’une violence inouïe éclata. Le fermier proposa au meunier de rentrer son attelage à l’étable et de venir s’abriter à la maison. L’orage dura plusieurs heures et des trombes d’eau s’abattirent sur la contrée. Enfin l’orage cessa et le meunier put repartir. Arrivé en vue du moulin, il constata, catastrophé, que le pont de bois avait été emporté par le ruisseau en crue. Impossible de rentrer chez lui, il jurait en invoquant les mille dieux et les mille diables. En amont, il existait bien un passage à gué mais le courant était trop fort pour se risquer à traverser le ruisseau. Il en était là, désespéré, lorsque surgit devant lui, le diable tel qu’on se le représente avec son rire sarcastique, ses petites oreilles, ses cornes pointues, sa longue queue fine, tenant à la main le trident dont il ne se sépare jamais.
» -Ha!Ha!Ha! Te voilà bien ennuyé lui dit le diable, mais je peux t’aider si tu veux!
– Je ne vois pas comment, lui rétorqua le meunier.
– Je peux creuser dans cet énorme rocher, un tunnel assez grand pour que toute l’eau du ruisseau s’y engouffre, le dessus est plat, tu auras ton chemin pour rentrer chez toi mais je voudrais qu’en contrepartie tu me donnes quelque chose.
-Mais quoi? lui demanda le meunier.
-Je voudrais que tu me donnes ce qui est derrière la porte de la maison. »
Le meunier réfléchit un instant, le diable ne lui inspirait pas une grande confiance. Que peut-il y avoir derrière la porte à part le balai, peut-être un vêtement suspendu au clou, je ne vois rien d’autre.
» – Bon, c’est d’accord, je n’ai qu’une parole, si je peux traverser, je te donne ce que tu m’as demandé. »
En un instant, le diable creusa le rocher, les eaux du ruisseau s’y engouffrèrent découvrant le dessus du rocher tout plat, ce qui faisait un chemin pour aller au moulin.
» – Tu as respecté ta parole, donc prends ce qui est derrière la porte. » Lui dit le meunier.
Mais ce n’était pas le balai, c’était la fille unique du meunier et de sa femme. La maman de la fillette qui était trés sévère l’avait punie pour une petite bêtise sans gravité: « Au piquet, derrière la porte! » Le diable emporta la fillette et tous les deux s’enfoncèrent dans un gouffre situé en aval, sous Boutenègre, si profond que personne n’a pu sonder le fond, parait-il.
Une autre version de cette légende veut que l’archange Saint Michel, arrache la fillette des griffes du diable et que le démon ait été projeté dans ce gouffre si profond.
Depuis on appelle ce lieu « Moulin du Pont du Diable » plutôt que « Moulin d’Auberoque ».
Légende que m’a racontée ma grand-mère née en 1882 à Nadal